Guide pratique pour avoir (presque) la même protection qu’un salarié en freelance

Guide pratique pour avoir (presque) la même protection qu’un salarié en freelance

Cet article a été rédigé par Gabin, qui est membre du Cercle Tech. Il vulgarise l’optimisation fiscale pour aider les indépendants à mieux vivre en France et crée des simulateurs qui poussent à l’action les prospects des professionnels de la finance et de la comptabilité.

Dans cet article, il partage ses conseils pratiques sur la mutuelle, la prévoyance et l’assurance pour les freelances.

Pour en savoir plus, vous pouvez le suivre sur Twitter où il partage régulièrement des astuces pour les indépendants et sur LinkedIn pour découvrir ses simulateurs.

Le freelance, c’est se passer du confort d’un employeur qui assure sa protection. Mais c’est aussi la liberté de l’adapter à ses besoins et ceux de sa famille. Alors l’une des toutes premières questions, c’est : comment protéger ma famille et moi-même ?

On fait le point et tu verras que tu peux être presque aussi bien couvert qu’un salarié.

Les congés maladie (indemnités journalières)

Aussi fou que ça puisse paraître (ou pas), en freelance aussi tu as droit aux « congés maladie ».

Ou plutôt, aux indemnités journalières : c’est une petite somme d’argent que tu perçois pour chaque jour que ton médecin t’arrête. Ça marche aussi pour les naissances, une sorte de congé parental.

Comme pour un salarié, il y a des conditions qui varient selon ton statut. Au niveau du délai de carence par exemple, mais aussi sur le montant exact de l’indemnité. On ne va pas se mentir, ce sont des chiffres très modestes.

N’empêche que ça existe et que tu cotises pour ça. Alors penses-y quand tu es malade !

La complémentaire santé (mutuelle)

Tu as droit à la Sécurité sociale comme tout le monde et elle rembourse en partie tes soins… mais pas tout (comme tout le monde). Tu peux couvrir la partie non prise en charge avec une complémentaire santé (mutuelle).

Les besoins en termes de complémentaire santé (mutuelle) varient énormément, notamment selon ton état de santé. Certains sont assez cavaliers pour s’en passer là où d’autres se réjouissent d’en avoir une.

Honnêtement, c’est un peu la base en termes de protection.

C’est à toi de voir, mais tu peux au moins en mettre quelques-une en concurrence en demandant un devis avec le forfait minimum, si tu es du genre cowboy.

Les complémentaires santé (mutuelle) populaires chez les freelances :

Tu peux aussi faire appel à un courtier qui s’occupera de te dénicher l’offre parfaite.

N’oublie pas que :

  1. La complémentaire santé (mutuelle) peut couvrir les autres membres de ta famille (partenaire et enfants).
  2. Elle passe en dépense sur ton entreprise (sauf en micro-entreprise, bien sûr).

La prévoyance

La prévoyance, c’est une assurance qui te verse un revenu quand t’es tellement malade que tu ne peux plus bosser. Parce que tu es hospitalisé, par exemple.

Une sorte de congés maladie ++.

Comme toutes les assurances, on préfère ne pas en avoir besoin. Mais comme toutes les assurances, on est content d’en avoir une le jour où ça arrive.

Surtout qu’une prévoyance coûte moins cher quand tu souscris alors que tout va bien ! D’où l’intérêt de ne pas s’y prendre trop tard, quand tu es encore dans tes années cowboy.

Les complémentaires santé (mutuelle) proposent souvent la prévoyance également. Certaines font même une réduction si tu prends les deux chez eux (et puis c’est plus simple, je trouve).

Les prévoyances populaires chez les freelances :

N’oublie pas que :

  1. La prévoyance peut verser une indemnité au partenaire en cas de décès (désolé pour l’ambiance).
  2. Elle passe en dépense sur ton entreprise (sauf en micro-entreprise, bien sûr).

L’assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro)

L’assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro) te protège en cas de litige avec un client. Bon, elle n’est vraiment complète qu’avec une protection juridique, mais en général, c’est inclus (vérifie quand même).

Ici, ça dépend des risques que tu prends dans ton activité. Mais dès qu’il y a deux parties, il y a forcément une part de risque. Alors à moins de ne bosser qu’avec toi-même, ce n’est pas idiot d’en prendre une.

Le prix est proportionnel aux risques, ça ne te coûtera pas grand-chose si tu ne te sens pas en danger. Ça me semble pas cher payé pour dormir sur ses deux oreilles, mais à toi de voir.

À noter qu’elle n’est pas obligatoire, mais que certaines entreprises peuvent le demander (je pense notamment au service public et à certains grands groupes).

L’assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro) est, elle aussi, proposée en grande partie par les mêmes qui fournissent complémentaire santé (mutuelle) et prévoyance.

Dans ce cas, combiner les trois auprès du même service permet une réduction maximum (quand c’est proposé).

Les assurances responsabilité civile professionnelle (RC Pro) populaires chez les freelances :

N’oublie pas que :

  1. Elle passe en dépense sur ton entreprise (sauf en micro-entreprise, bien sûr).

Les allocations chômage

Alors, je t’ai eu ? Tu pensais avoir droit au chômage ? La réponse, c’est non, tu n’as pas droit au chômage en freelance.

Mais la problématique est trop importante pour ne pas en parler, surtout qu’il y a beaucoup à dire.

Déjà, sache que tu peux être en freelance et toucher les allocations chômage d’un précédent emploi, selon le motif qui a mis fin au contrat (il n’y a pas que la rupture conventionnelle). Si tu es concerné, renseigne-toi et anticipe parce que les solutions sont nombreuses.

Ça, c’est pour ceux qui ne sont pas encore freelance et souhaitent le devenir. Mais il existe également des solutions pour les freelances qui souhaitent se prévenir d’une période de “chômage”.

La première, c’est d’anticiper. Il y aura forcément des périodes pendant lesquelles tu factureras moins que d’autres, ne serait-ce qu’en vacances. C’est un bon réflexe de garder assez de trésorerie pour ça.

Ensuite, il existe des assurances chômage privé. Ça fonctionne un peu comme le chômage pour les salariés : tous les mois, tu cotises et tu reçois des indemnités en cas de chômage.

Je n’en suis pas fan, ces assurances coûtent cher et les conditions pour débloquer les indemnités sont souvent très strictes. Mais ça a le mérite d’exister.

Voilà quelques assurances chômage privé pour freelance :

Dans le fond, le concept de “chômage” est un peu étrange pour un freelance. À partir de quel moment est-ce qu’une période sans chiffre d’affaires devient du chômage ?

Ça n’existe pas, il y a toujours du travail. Ne serait-ce que de la prospection, pour chercher du travail.

En réalité, le vrai chômage pour un freelance, c’est synonyme de game over. C’est quand tu as épuisé toutes tes ressources, que tu as tout tenté et que la situation est devenue intenable.

Autrement dit, tu mets la clé sous la porte et tu liquides ton entreprise.

C’est une situation exceptionnelle qui peut te donner droit à un certain nombre de choses. Par exemple, c’est un motif valable pour retrouver tes allocations chômage. Mais c’est aussi un des moyens de débloquer un Plan d’Épargne Retraite (PER).

Tout ça pour dire que le chômage n’est pas une stratégie et que c’est une éventualité que tu dois éviter à tout prix. Si ça arrive, c’est que tu es arrivé au bout du jeu et là l’administration peut te donner un coup de pousse pour rebondir.

La retraite

Tu cotises pour la retraite.

Je répète : tu cotises pour la retraite.

Simplement, tu cotises plus ou moins selon le statut que tu choisis. Par exemple, en micro-entreprise et en EURL tu cotises moins. Mais ce que tu ne donnes pas pour ta retraite, tu le gardes.

Et là, je suis obligé de te parler de deux types de retraites :

  • La retraite par répartition : c’est celle versée par l’État, en échange des points que tu as accumulés en cotisant.
  • La retraite par capitalisation : c’est celle que tu t’es préparé, en investissant tes sous de côté.

En freelance, ton potentiel pour préparer ta retraite par capitalisation est inégalé. Parce que tu peux choisir de verser moins de cotisations par ton statut pour investir les économies. Mais aussi parce que tu construis quelque chose avec ton entreprise.

Par contre, c’est vrai, ça demande de la préparation. Si tu ne comptes que sur la retraite de l’État, elle va être maigrichonne.

Tu peux t’en faire une idée avec ce simulateur officiel :

Le sujet est beaucoup trop vaste pour en dire plus ici mais je t’encourage vivement à t’intéresser au sujet des finances personnelles. Pas besoin d’en devenir un expert, mais au moins d’avoir les bases et les bons réflexes.

Score final salarié vs freelance

Je te disais en introduction que tu aurais une protection proche de celle d’un salarié après la lecture de cet article. La vérité, c’est qu’avec tout ça, tu n’en es pas si loin :

  1. Congés maladie (indemnités journalières) : tu y as droit, comme un salarié. Mais avec des conditions et des montants différents. Léger avantage au salarié.
  2. Complémentaire santé (mutuelle) : un salarié profite de celle de son entreprise, en partie financé. Un freelance choisit celle qu’il veut et la passe en frais sur son entreprise. Léger avantage au freelance.
  3. Allocations chômage : c’est le pire scénario pour un freelance, là où un salarié peut se le permettre. Avantage au salarié.
  4. Retraite : le salarié a une meilleure retraite par répartition et le freelance une meilleure retraite par capitalisation. Ça laisse plus de pouvoir au freelance, mais ça dépend de tes connaissances en termes de finances. Allez, disons ex æquo (et ça me coûte de dire ça).

Le gagnant du match est donc… le salarié, grâce au chômage.

Une autre façon de voir les choses, c’est de dire que tu es aussi bien couvert qu’un salarié si tu évites le chômage !

Dans le fond, la plus grosse différence, c’est qu’en freelance, tout est à la carte.

Le nerf de la guerre, c’est de créer un business qui marche. Après, tout roule.

Alors ça tombe bien, maintenant que tu as enfilé ton gilet pare-balle avec ce guide, tu peux te concentrer sur ton activité 😉

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